Nous avons traversé la Russie en trois fois. Nous sommes arrivés début mai à Vladivostok par bateau depuis la Corée du Sud. Passage de la douane rapidement et sans encombre (grâce à notre visa multi-entrées).

Nous découvrons la ville avec Evgenii notre hôte warmshower. C'est toujours mieux pour s'imprégner d'une ville et découvrir un nouveau pays d'être avec un local.

La ville est un mélange entre modernité et vétusté. Elle est surnommée le "San Francisco russe" car elle s'étend depuis la mer jusque dans des pentes très escarpées. Certains points de vue offrent un panorama magnifique sur la baie.

C'est un grand port, le dernier avant les pays "Asiatiques". Le centre ville est en bon état et le pont qui enjambe les deux rives récent. Les quartiers d'habitation derrière le centre ville sont beaucoup plus délabrés. Le contraste est saisissant. Gros immeubles en béton gris et fissurés avec portes blindées en fer, routes défoncées, constructions anarchiques. L'intérieur des immeubles est plus chaleureux et nous passons une super soirée chez Evgenii. Il a traversé il y a deux ans la Russie à vélo. Vladivostok - St Pétersbourg en deux mois (12000 km soit 160 km par jour) sur un vélo simple vitesse. Incroyable ! 

Nous partons le lendemain soir sous la pluie pour Oulan-Oude par le Transibérien. Après avoir réussi à faire rentrer notre vélo et nos bagages dans notre compartiment (pas une mince affaire), trois jours et trois nuits plus tard, nous arrivons en Sibérie. Cette expérience dans ce train fut inoubliable. Nous étions en troisième classe soit un wagon de 50 personnes séparées seulement par quelques cloisons. Bonjour la promiscuité ! Voir le blog début mai pour plus de détails.

Arrivés à Oulan-Oude nous y passons presque une semaine le temps de faire notre visa pour la Mongolie, de prendre les billets de train et de s'acclimater un peu. 

Quel plaisir de pouvoir retrouver une cuisine proche de celle qu'on connaît (on arrive de Corée du Sud pour rappel): pain, fromage, charcuterie, fruits, légumes, pâtisseries, raviolis, brochettes de viandes, crêpes salées et bien d'autres spécialités délicieuses. Nous testons les cantines ouvrières: ambiance rétro garantie !

Nous séjournons dans une super auberge de jeunesse qui est en fait un appartement partagé en mode soviétique. C'est très inhabituel et convivial: on se croirait à la maison! Nous y rencontrons beaucoup de voyageurs, surtout des Français dont la majorité est arrivée par le Transibérien (côté ouest) et va en Mongolie. Nous assistons aux cérémonies du 9 mai (équivalent du 8 mai chez nous mais avec le décalage horaire paraîtrait-il) en grande pompe. Défilés des différents corps de l'armée Russe, anciens combattants, familles des anciens combattants avec leurs photos des défunts montées sur de grandes perches. L'après-midi se poursuit avec un bal et un feu d'artifice vient clôturer la journée sur la place Lenine pleine à craquer. Son nom vient de la tête de Lénine qui trône en son centre. C'est la plus grosse du monde!

Les Russes ont démarré la conquête de l'est de la Russie "seulement" au début du 19 ieme siècle. C'est donc très récent. Le peuple autochtone de la région s'appelle les Bouriates. Ils ressemblent physiquement beaucoup aux Mongols. La mayonnaise (les Russes en raffolent) à l'air d'avoir bien pris entre les deux peuples. On ne sent pas d'animosité et l'ambiance est très bonne. On croise beaucoup de couples mixtes (Bouriates-Caucasiens). Les Bouriates tiennent la plupart des restaurants et des hôtels. 

Les Russes, ce n'est pas une légende sont plutôt d'un abord froid. C'est culturel, on ne sourit pas à un étranger et surtout pas si c'est un client: il pourrait croire qu'on manque de sérieux. Il faut beaucoup de temps pour briser la glace surtout que nous parlons très peu russe. Nous y sommes arrivés quand même plusieurs fois avec nos voisins du Transibérien après quelques jours de train et de promiscuité. Une fois la glace brisée par contre ils sont très bavards et généreux: on partage souvent nos repas à bord du train. Les Bouriates sont plus faciles d'accès. 

Après cette pause nous sommes prêts à partir pour la Mongolie par le Transmongolien. Nous y arrivons après le passage des deux douanes (deux heures d'attente dans le train de chaque côté de la frontière entre 23h et 3h du matin).

Au retour de Mongolie nous retournons à Oulan-Oude toujours en train. On sort de Mongolie après un simple contrôle de routine par contre l'entrée en Russie est beaucoup plus compliquée: dix séries de contrôles: passeports, bagages, fouille du compartiment, recontrôle du passeport avec interrogatoire, chiens anti-drogue et j'en passe. Ça doit être dû à la coupe du monde. On obtient finalement le précieux tampon et nous revoici en Russie. 

Départ le lendemain pour le lac Baikal. On atteint le début de la rive Est du lac après deux jours de vélo et un col de première catégorie qui pourrait faire partie du Tour de France (on a souffert). C'est splendide, très sauvage car le lac est entouré de forêts et de montagnes aux sommets encore enneigés. Il y a très peu d'habitants. On bivouaque sur des plages désertes bordées de pins. Les gens habitent très simplement dans des villages de maisons en bois peintes, souvent sans eau courante et électricité, très loin de la première ville. On a l'impression de faire un bond dans le passé. Ils vivent principalement de l'exploitation du bois. Les pistes ont remplacé les routes d'asphalte. Elles sont en très mauvais état.

Chaque village a son petit "producti" ou magasin regroupant tous les produits nécessaires à la vie quotidienne et de la Vodka bien sûr ! On ne peut pas se servir seul, il faut tout demander à la patronne: pas très facile pour nous mais on apprend les basiques en russe.

Après être montés au Nord Est du lac vers le très beau village de Suvo avec ses orgues minérales nous redescendons vers Bargouzine puis Oust-Bargouzine par une piste qui combinant tous les cauchemards du cycliste: tôle ondulée, sable, nids de poules (plutôt grosse la poule), poussière, vent, taons. Chaque véhicule qui passe nous recouvre d'un nuage de poussière. Mais la beauté du paysage, la lumière et l'immensité du lac d'une couleur si particulière valent bien ces efforts. Dernier souci: les moustiques ! Ils sont des nuées d'assoiffés prêts à piquer la moindre partie de peau tendre de petits cyclistes. On monte la tente le soir couverts des pieds à la tête avec capuche et lunettes, c'est comique!

Nous reprenons la route de Oulan-Oude pour reprendre le Transibérien vers Saint-Petersbourg. Nous atteignons la ville après 4 jours et 4 nuits de train, une chaleur estivale dans un train non climatisé, un changement de train à 4 h du matin avec tous nos bagages plus le vélo empaqueté dans deux sacs: la vraie aventure! Les voyages en train de quelques heures vont nous paraître désormais bien courts et confortables !

On atteind donc Saint-Petersbourg pas très frais mais contents d'être arrivés ! Nous sommes reçus par Pavel et Olga qui nous font découvrir cette ville magnifique et ses secrets. On a même eu droit à une visite en vélo by night lors des nuits blanches. Le soleil ne se couche pas vraiment: à minuit il fait encore grand jour, la lumière décroît un peu jusqu'à 3h du matin puis croît à nouveau: il fait plein jour à 4h. C'est assez déroutant et il est difficile de dormir. 

La ville est bondée de touristes Argentins (coupe du monde oblige). On reprend la route de l'Estonie après en avoir appris un peu plus sur l'histoire de la Russie.

Notre dernière entrée en Russie fut l'enclave de Kaliningrad située entre la Lithuanie et la Pologne. Cette région qui faisait partie de la Prusse a été cédée à la Russie après la seconde guerre mondiale.

Dès la frontière on retrouve nos repères: route en mauvais état, grands immeubles en béton, "producti", voitures Lada et cuisine russe. Nous sommes reçus par Ilya et Tanya avec qui nous passons une super soirée. Ils nous font découvrir des spécialités que nous n'avions pas testées et nous en apprenons encore un peu plus sur la Russie. 

À Kaliningrad les Russes se sentent un peu isolés de la mère patrie qu'ils appellent "Big Russia". 80% des russes vivent à l'ouest de Moscou et rares sont ceux qui ont déjà dépassé cette ville vers l'est. Il est plus facile, plus rapide et moins cher pour eux d'aller en Europe. On reprend la route vers la Pologne pleins de souvenirs.

Bref: la Russie restera pour nous un pays gigantesque, rude, majestueux, attachant, et plein de contrastes. Il faudrait y revenir pour mieux la comprendre. 

Cap maintenant sur l'Europe !